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122. On l'appelait Ripipi

Publié le 31 janvier 2021 dans La vie quotidienne dans les années cinquante

Ce qui était l'ancien garage Bellevue.

       Ripipi, du Pont, garagiste. De son vrai nom Antoine Locatelli. Il réparait les vélos. Aussi est-ce pour cela que nous pouvions le connaître, et alors même que son garage était tout à l'autre bout du village du Pont. C'est là qu'il fallait aller pour remettre en état sa bécane. 

    Ou son vélo. Car celui-ci, naviguant dès lors sans cesse d'un village à l'autre, nous était aussi nécessaires que nos jambes! On pouvait pas toujours marcher pour joindre un village à l'autre, c'est trop loin, c'est trop pénible, alors qu'avec un vélo, en cinq minutes tu y es. Rude véhicule que celui-là. L'inventeur devrait avoir sa statue. Tenez, sur la place de la Truite. 

    On plaisante. N'empêche que le vélo, c'était de l'utile. Pas toujours formidables, nos engins. Aussi est-ce pour cela que l'on allait souvent au garage. Et puis aussi on crevait. Alors il fallait rebietzer. Enlever la roue, le pneu, la chambre-à-air, la gonfler, la mettre dans une bassine d'eau. Voir où était le trou. Raboter celui-ci avec la petite râpe et puis le papier de verre, mettre la colle, attendre deux minutes, ou moins, enlever le papier du bietz, puis enfin poser celui-ci sur le trou, bien serrer, attendre. Et puis remettre la chambre-à-air dans le pneu, regonfler un peu pas que celle-ci coince au remontage. Pour maintenant, avec les clés, ou les clavettes, mettre le pneu en place. Regonfler. Et enfin remettre la roue là où elle doit être. C'est fait. Fouette cocher, tu peux reprendre la route, et pauvr'ami, être au Pont où tu dois aller chez le coiffeur en un rien de temps. 

    Ah! on la connaît, cette route entre nos deux villages. On pourrait la faire les yeux fermés. On l'a faite mille fois. C'est presque la nôtre maintenant, s'il n'y avait pas de plus en plus de bagnoles, maintenant. 

    Le vélo, une saga. Qui ne prendra jamais ici toute la valeur qu'elle a eu.  


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