De bons souvenirs de cette école du dimanche où l'on ne se rendait jamais sans être propres comme des sous neufs et animés des meilleures intentions du monde! Nous n'y connûmes que trois monitrices, inamovibles: Mmes Léonie Rochat, Christine Rochat et Angèle Rochat. On est aux Charbonnières que diable!
Pas de diable à l'église, mais des récits de la bible, du vieux testament surtout, qui est beaucoup plus passionnant par ailleurs que le nouveau. Il y a de tout, des actes héroïques avec pas mal de violence, des histoires de famille en veux-tu en voilà, et puis surtout cette sortie d'Egypte du peuple d'Israël avec Moïse sauvé des eaux. Tout cela constituait un corpus de fort bonne augure, et surtout créait en nous, par la grâce de conteuses de talents, un imaginaire foisonnant.
A la fin de cette heure d'école pas comme les autres, avec beaucoup de chants, un dernier que nous aurions demandé si l'on ne nous l'avait pas proposé, ce fameux: As-tu compté les étoiles. Souvenez-vous du cinquième verset, où nous pouvions appuyer d'une manière toute primitive sur les tous finaux!
Restait plus qu'à mettre quatre sous dans le petit nègre et le tour était joué. Il était gentil, celui-là, à chaque fois qu'une pièce tombait dans le réceptacle du fond, il nous faisait un signe de la tête pour nous remercier. Brave petit nègre, va. Dommage qu'il ait disparu corps et âme sans laisser de trace. Il est vrai qu'en trois quarts de siècle, ne serait-ce que dans une église, il s'en passe, des choses.
↓ (PDF) 55. Monitrice et école du dimanche