Il faut bien convenir que notre Vallée entretient des liens particuliers avec la communauté bergamasque. Celle-ci en effet, depuis près de 150 ans, a délégué de ses travailleurs pour venir effectuer ces travaux dont nos Combiers ne voulaient pas, construction de ligne de chemin de fer ou de routes, trop accaparés par la vie horlogère. On resterait donc en usine, tandis que nos gens du sud, c'est-à-dire plutôt du nord de l'Italie, irait s'éreinter, d'abord sur nos chantiers tous azimuts, puis bienôt dans les forêts, tenant compagnie à nos bûcherons locaux, ou même souvent les remplaçant.
Ces liens existent encore, bien que le nombre de ces immigrés, aujourd'hui, ne soit plus du tout comparable à ce qu'il était autrefois. Ils venaient par trains entiers dans notre pays, dont une partie montaient à la Vallée, travailleurs ou travailleuses que l'on engageait dans les usines, où elles étaient appréciées, non seulement par leur habileté, mais aussi pour leur bonne volonté. D'aucunes n'allaient retourner qu'épisodiquement au pays, puisqu'ayant trouver ici âme soeur et convoler bientôt en justes noces. Les mariages de ce type furent nombreux, et on le souhaite et on l'estime, heureux!
Bref, il ne serait pas possible de faire l'histoire de la Vallée sans jeter un coup d'oeil sur le pays d'origine de tous ces immigrés. La vie là-bas, dans ces vallées abruptes, tandis que l'on reste encore néanmoins au niveau des Préalpes, était difficile. Agriculture de subsistance, à moins que vous acceptiez de travailler dans les usines relativement nombreuses, mais à des conditions qui n'avaient rien à voir à celles de la Suisse. D'oû l'exode et la possibilité de gagner beaucoup plus, argent qui, dans la plupart des cas, rentrait au pays pour aider les familles qui y étaient restées. On était une aide efficace, plus par force et par nécessité, que par plaisir.
Ce pays de Bergame, va donc vous révéler en profondeur de quoi il était fait. Car il faut ici parler au passé, tant la vie en ces quelques cinquante dernières années, a changé. Ce n'est plus le pays d'avant, assez pauvre, surchargé d'enfants, et envoyant une partie de ceux-ci, le surplus, à l'étranger, et en particulier en Suisse et plus modestement à la Vallée.
