← Vieux métiers

2. Les boisseliers

Publié le 31 décembre 2018 dans Vieux métiers

Victor Bélaz et Charles Lugrin qui deviendra son beau-père.

    En ce temps-là, il y avait pratiquement un boisselier dans chaque maison. Pour la simple raison que l'on n'était pas malhabile de ses dix doigts, mais que surtout on avait la matière première à disposition. Le bois. Le bois du Risoud, aux veines fines, apte à être travaillé au mieux et avec une certaine facilité.

    Tous ces gens-là faisaient des seillons, des cuves, des brantes, des bossettes, des bagnolets. D'aucuns, les tonneliers, s'étaient spécialisés dans la fabrication de tonneaux, en général pour les salines de Bex. Berne était alors de la partie qui proposait le marché à nos professionnels qui n'étaient pas toujours très contents des prix qu'on leur demandait. Ils vinrent à refuser. LL.EExes., outrées, avaient pris contact avec les boisseliers français. Tu parles d'un ram dam.

    Le métier avait occupé du monde pendant des siècles. Et puis tout soudain, au début du XXe siècle, arrivait le fer-blanc pour l'essentiel de ces articles que l'on avait fait en bois jusqu'à cette époque. Ce ne fut pas avec une grande joie que d'aucuns de nos boisseliers délaissèrent le marteau, le ciseau, la scie, la gouge et combien d'autres outils pour prendre ceux de l'horloger.

    Mais quelques-uns ne décrochèrent pas, ayant toujours des commandes, surtout pour les vignoles où les articles en fer-blanc, le vin est acide, ne convenaient pas pour cette raison.Il se créa même une société au Lieu spécialisée dans ce genre d'article: la Boissellerie du Risoux. Elle devait connaître de belles années.

    Hélas, vint le plastique, qui, cette fois-ci, allait carrément mettre à mort cette ancienne et sympathique activité. Il ne restait plus guère que cette boissellerie du Lieu qui finit par être dans l'obligation à son tour  de mettre la clé sous le paillaisson. Un drame!

    Un dernier témoin a pu encore raconter sa trajectoire de boisselier: Victor Bélaz. Ses dires figurent dans un livre de Anne-Marie Prodon, Le pain de la terre, paru en 1992. Un film, dans la belle série de Raconte-moi le Risoud, fait aussi la part belle à cet ancien artisan qui avait su, après la déconfiture défintive de la boissellerie, se tourner vers la fine menuiserie, et avec succès.

    Mais sachons maintenant remonter le temps et en route pour la Boissellerie du Lieu, qui, à l'époque, vous proposait aussi des skis!


(PDF)  L'amour du bois