Seule photo dans tout ce vaste dossier que nous possédions d'un décédé paré pour le grand voyage. Image même de la sérénité. L'homme a mené sa vie de manière honnête. Il est tranquille. Il n'a rien à regretter.
On allait chez lui pour payer chaque mois les cotisations de l'Assurance Helvetia. Il nous timbrait le livret que l'on avait sorti d'un sac à commission, et l'affaire était faite. On aimait ces timbres apposés sur la page ouverte, rouge ou d'une autre couleur. Cela nous semblait sérieux, officiel.
Un livret que l'on a perdu! Le témoin de la modeste somme que l'on versait pour que l'entier d'une famille soit assuré. La comparaison avec aujourd'hui serait insoutenable. Et ce n'est pas fini, mes amis. On établissait encore hier au soir, quels pouvaient être les citoyens de ce village, ou citoyennes, qui, ayant dépassé l'âge de la retraite, étaient encore bien portant, totalement bien portant. La conclusion était simple: pratiquement aucun.
Ainsi sommes-nous tous des mal foutus, des croqueurs de pastilles, des abonnés aux cabinets médicaux, des visiteurs du CHUV où il semble même parfois que l'on va y prendre résidence.
Assurances, il y aurait tellement à dire. Il y a surtout cette très forte impression qu'ils irontsqu'à nous bouffer nos retraites, nos AVS, nos maisons, nos terrains, nois voitures, enfin, qu'ils nous prendrons tout. Vous n'aurez plus rien et vous serez heureux, a dit un certain Swaab, sans doute pas notre copain!
↓ (PDF) P'tit Eugène et l'assurance Helvetia