Au vu de tous les gros objets d'autrefois que l'on brasse sans cesse, que l'on voit, que l'on redoute parce que leur place n'est pas assurée, il nous vient que jamais le Patrimoine de la Vallée de Joux ne pourra garder tous les objets qui ont fait son histoire, agricole surtout, encore moins de les exposer tous un jour ou l'autre. D'aucuns sont voués de manière certaine à la disparition, de par leur volume excessif. Imaginez par exemple d'exposer en un lieu quelconque, outre l'extérieur, d'un char à échelle. Calculez la surface qu'il occupe et faite le compte à tant le m2 de surface, disons 1000.- pour être très modeste. Vous voilà donc avec un char qui fait cinq m de long et deux de large, total 10 m2, à 1000.- Vous avez en conséquence un espace qui vous coûte au minimum 10 000.- pour exposer un char que chacun connaît. Faut-il donc tous les jeter ? Certes non, trouver simplement un endroit moins coûteux, si faire se peut, où l'on puisse en garder, non pas forcément pour une exposition quelconque, mais à titre de témoin.
Car voilà ce que sont nos objets, des témoins. Précieux. Indispensables, qui, selon nous, n'auront pas besoin d'être tous exposés. Ce qui reste une impossibilité flagrante. Or donc, on garde quand meme, et à la limite, on replace ces véhicules, ces gros objets, dans leur contexte de leur époque grâce aux écrits ou aux photos.
C'est ce que tentera de faire cette nouvelle rubrique qui comblera la disparition possible de tous ces pièces d'antiquité. On a parlé tantôt d'un char à échelle qui reste malgré tout témoin d'importance de notre vie agricole passée. Mais imaginez une bossette à purin, l'une de ces grosses carrées d'autrefois, encore pleine des restes de son liquide nauséabond, certes précieux pour la fumure des champs, un peu moins pour l'odorat des passants ou des contemplateurs d'un tel engin. On le voit, il y a des impossibilités dans notre quête à tout prix du passé. La réalité est plus forte que le rêve d'un musée qui comprendrait tout. Et plus encore.
Non pas forcément faire dans le petit, mais modérer ses appétit, compenser par des dessins, des écrits, des photos, à la limite par des films. Voilà le travail qui nous attend. On s'y attèle dès aujourd'hui!